J'ai trouvé aussi cet article sur le goitre ,
j'avais connu ,il y a une trentaine d'années ,
lorsque je vivais encore à Frontignan,
une personne ayant un goître.
Définition
Terme utilisé par Minnich en 1904 pour désigner une tumeur bénigne (en principe), bien délimitée de la glande thyroïde, le plus souvent unique. Il s'agit d'un goitre nodulaire à l'origine d'une sécrétion d'une quantité très importante d'hormones thyroïdiennes (T3, T4). Le goitre multi nodulaire est une des causes (rare) d'hyperthyroïdie (excès de sécrétion d'hormone thyroïdienne). Il entraîne des symptômes qui ne sont pas toujours bien supportés (accélération du rythme cardiaque, insuffisance de la pompe cardiaque elle-même). On parle de nodule chaud quand celui-ci fixe en grande quantité d'iode 131, ce qui contraste avec le reste de la glande thyroïdienne qui elle est au repos.
L'adénome thyroïdien toxique affecte plus volontiers les personnes âgées de plus de 60 ans. Les symptômes sont ceux dus à la sécrétion d'hormones thyroïdiennes sécrétées en excès. Au lieu d'avoir un goitre diffus comme dans la maladie de Basedow, on est en présence d'un nodule thyroïdien bénin qui sécrète.
Hyperthyroïdie et goître multinodulaire
GOITRE MULTINODULAIRE & SITUATION D’HYPERTHYROÏDIE : UNE DISCUSSION PRAGMATIQUE
Dr Rémy LEROY
1 / Conduite à tenir pratique devant un goitre multinodulaire
La plupart des goitres multinodulaires sont asymptomatiques s’ils sont de développement cervical. Leur découverte se fait à l’occasion d’une palpation ou au cours d’un examen paraclinique de la région cervicale Prendre en charge un goitre multinodulaire revient en gros à se poser 3 questions essentielles :
ce goitre entraîne t-il une compression ?
ce goitre contient-il un ou plusieurs nodules suspects ?
ce goitre s’accompagne t-il d’une hyperthyroïdie et quelle est l’intensité de celle-ci ?
Le goitre compressif Suspecté devant une dyspnée inspiratoire, une toux, une raucité de la voix il est surtout craint si le pôle inférieur de chaque lobe ou encore plus de l’isthme ne sont pas perçus correctement par la palpation notamment à la déglutition.
L’échographie qui permet l’analyse fine de la portion cervicale du goitre va confirmer le prolongement médiastinal sans être capable de bien le préciser dans son importance. Si la simple radiographie de thorax avec un rayonnement pénétrant est déjà intéressante en montrant l’ampleur de l’ombre médiastinale et l’empreinte de cette thyroïde sur la lumière trachéale, c’est le scanner médiastinal sans injection d’iode qui est sans conteste l’examen le plus important ici. Lorsque la gêne respiratoire est franche et que pourtant le rétrécissement de la lumière trachéale est peu parlant, la pratique d’une simple courbe débit-volume apporte des éléments « fonctionnels » supplémentaires.
Les goitres même « monstrueux » de développement purement cervical ne sont pratiquement jamais compressifs.
En résumé, prolongement médiastinal = possibilité de compression le plus souvent trachéale qu’oesophagienne et compression vérifiée = chirurgie
Le ou les nodules suspects
En effet le risque de cancer thyroïdien est le même dans le goitre multinodulaire que dans le nodule isolé.
Les éléments de suspicion sont :
Sujets de plus de 60 ans de sexe masculin aux antécédents d’irradiation cervicale ou de cancers familiaux (papillaires, oxyphiles et bien sûr les rares médullaires)
Nodule de plus de 3 cm dur, mal limité, fixé aux plans superficiels ou profonds, accompagné d’adénopathie
Sur l’échographie, nodule hétérogène et surtout hypoéchogène, avec perte du halo périphérique, sans limite précise totale, plutôt vascularisé de façon centrale et présentant des calcifications.
L’échographie est indispensable pour guider la ponction sur le ou les quelques nodules suspects car il est impossible et inutile de ponctionner tous les nodules.
Dans cette recherche de « suspicion » la scintigraphie n’a pratiquement aucun intérêt. En résumé un goitre nodulaire suspect est défini par un faisceau d’arguments cliniques, échographiques et cytologiques ; un goitre suspect = chirurgie et par bon sens un goitre avec un ou plusieurs nodules de plus de 3 cm = volontiers chirurgie
L’hyperthyroïdie
La clinique recherche les signes de thyrotoxicose souvent résumés chez le sujet âgé à un amaigrissement ou des signes cardiaques. L’effondrement de la TSH prouve l’hyperthyroïdie et la mesure de la FT4 son intensité. Les autres examens sont à discuter dans le cadre de la recherche de l’étiologie. C’est dans ce cadre que la scintigraphie est très utile pour la caractérisation de nodule(s) hyperfixant(s) « toxique(s) » En résumé goitre multinodulaire hyperthyroïdien = plutôt chirurgie chez le sujet d’âge moyen et de bon état général, goitre multinodulaire hyperthyroïdien non suspect et non compressif chez un sujet âgé et fragile = discussion possible comme autre alternative du traitement par l’iode radioactif ou des antithyroïdiens de synthèse à petite dose (mais seul l’aspect « fonctionnel » est « réglé » et la surveillance « morphologique » doit rester rigoureuse).
Dans le cas où un goitre multinodulaire est surveillé, cette surveillance doit être au minimum annuelle. L’utilisation des hormones thyroïdiennes pour mettre un « frein » est à discuter au cas par cas. Son utilité est certaine sur le tissu sain, a été prouvée de façon modérée sur le nodule (les hormones thyroïdiennes ne sont pas le traitement d’un goitre compressif) mais il faut tenir compte du « masque » du passage à la toxicité du goitre et du retentissement possible sur l’état cardiaque et sur le statut osseux éventuellement. En tout cas une telle attitude est à bannir s’il existe un nodule hyperfixant sur la scintigraphie (la TSH est parfois basse mais « normale »)
2 / Quelques éléments de discussion face à une hypertyroïdie
Définitions et conséquence
L’hyperthyroïdie, c’est l’hyperfonctionnement de la thyroïde, la thyrotoxicose, c’est l’intoxication par les hormones throïdiennes et la clinique permet de l’apprécier car une hyperthyroïdie peut être infra-clinique définie par le seul effondrement de la TSH.
L’intérêt de la prise en charge des situations d’hyperthyroïdie infra-clinique est en effet encore débattu.
Intérêts respectifs des dosages dans l’hyperthyroïdie : la TSH
L’effondrement de la TSH est synonyme d’hyperthyroïdie la plupart du temps, elle est précoce mais durable.
Mais 3% environ de nos patients peuvent avoir une TSH basse mais dosable sans être en hyperthyroïdie.
La TSH ne doit pas être dosée avant 3mois environ en cas de traitement d’une hyperthyroïdie.
Une TSH effondrée peut traduire une situation « passée » d’hyperthyroïdie si l’hyperthyroïdie était toute récente.
Intérêts respectifs des dosages dans l’hyperthyroïdie : la FT4
Le dosage de la FT4 précise l’intensité de l’hyperthyroïdie en phase initiale, et c’est le dosage à reconsidérer 4 à 5 semaines après l’initialisation du traitement pour juger de son efficacité (et donc pas la TSH)
Intérêts respectifs des dosages dans l’hyperthyroïdie : la FT3
Le dosage de la FT3 est difficile et n’a d’intérêt que dans des situations rares, en bref il n’a pas lieu d’être le plus habituellement.
Intérêts respectifs des dosages dans l’hyperthyroïdie : les autres dosages
Les autres dosages ne doivent en aucun cas être proposés dans leur totalité. Ils ne sont à proposer que pour prouver une étiologie pressentie par l’analyse de la situation clinique.
Ex :
anticorps anti récepteurs de la TSH uniquement si suspicion de Basedow
anticorps antiTPO (ne pas doser antiTG) uniquement si suspicion de phase précoce de thyroïdite auto-immune
thyroglobulinémie que si suspicion de thyrotoxicose factice
Vs CRP que si suspicion de thyroïdite virale…….
Intérêts des examens complémentaires « morphologiques » dans l’hyperthyroïdie :
La scintigraphie et l’échographie
Aucun de ces deux examens n’est à proposer systématiquement. C’est une analyse de la situation et des éléments que chacun peut apporter pour aboutir au diagnostic étiologique ou guider la thérapeutique qui les fera prescrire.
L’utilisation des antithyroïdiens de synthèse
En France les dérivés du carbimazole (Néomercazole
) sont les plus utilisés et c’est logique car leur demi vie est longue, permettant une mono prise matinale et leur puissance est forte.
En bref il est plus commode d’utiliser 1cp de 20 mg de Néomercazole
le matin que 8cp de Basdène 25mg (1cp de 5mg de Neomercazole
= 2 cp de Basdène 25 en terme de puissance) en 3 prises (le Basdène a une demi vie courte) (le Basdène est le dérivé thio-uracile disponible en pharmacie de ville car le PTU [propylTU] n’est disponible qu’à la pharmacie centrale des hôpitaux).
Le Basdène est utile en cas d’intolérance au Néomercazole car l’intolérance est possible pour l’un et pas pour l’autre.
La NF est à réaliser en cas d’emploi de ces molécules tous les 10 jours environ pendant les 6 à 8 premières semaines puis lors du contrôle du bilan thyroïdien ensuite.
Deux schémas d’utilisation peuvent être envisagés : dose d’attaque puis dose modulée pour trouver après correction de l’hyperthyroïdie la dose minimale efficace d’entretien ou dose d’attaque et maintien de cette dose de « sidération » du fonctionnement thyroïdien avec adjonction 4 à 5 semaines plus tard de 1,6 µg/kg de poids de Lévothyroxine.
Enfin, même si les études sont assez rares à ce sujet, il ne semble exister aucune action néfaste du maintien d’une dose d’antithyroïdiens de synthèse au très long cours (la vie durant). On préfèrera alors une petite dose mais une telle utilisation peut donc être discutée en lieu et place de la classique chirurgie ou du traitement par l’iode radioactif en cas de récidive par exemple d’une maladie de Basedow.
En définitive, prendre en charge une hyperthyroïdie impose de savoir quels examens sont inutiles et quelles options paracliniques et thérapeutiques sont appropriées pour un patient donné. A ce titre la gestion d’une hyperthyroïdie justifie la collaboration du médecin généraliste et de l’endocrinologue.
Si le sujet vous intéresse : je vous conseille la (re)lecture des classiques textes suivants :
Diagnostic et surveillance biologiques de l’hyperthyroïdie de l’adulte
Explorations thyroïdiennes autres que biologiques
Goitre et nodules thyroïdiens
Hyperthyroïdie
enfin je signale une belle mise au point « pragmatique » par le Pr Jean Louis Wemeau (et col.) Controverses dans la prise en charge des hyperthyroïdies sur endocrino.net (inscription préalable sur le site gratuite)